À notre époque, les enfants sont de plus en plus anxieux. Comme le dit le dicton, ''les pommes ne tombent jamais bien loin de l'arbre''. On voit d'ailleurs depuis quelques années l'anxiété parentale monter à des sommets probablement inégalés.
Le piège de vouloir atteindre la perfection parentale nuit non seulement aux parents, mais également aux enfants. Parce que, d'une part, le parent parfait n'a jamais existé, n'existe pas et n'existera jamais. Mais également parce que cette anxiété de performance parentale est un virus très facilement transmissible... et qu'un enfant parfait n'a jamais existé, n'existe pas et n'existera jamais non plus.
Or, on voit parfois ce mirage s'installer bien solidement dès les premières semaines de vie de l'enfant, déjà, dans la façon qu'ont certains parents de viser le sommeil parfait pour leur enfant. Mais encore une fois, le sommeil parfait n'a jamais existé, n'existe pas et n'existera jamais... et le viser équivaut à développer une forme ''d'orthosomnie'', dans ce cas-ci vécue par procuration, puisqu'elle ne concerne pas son propre sommeil, mais celui de son enfant... Et plus le parent a une anxiété de performance face au sommeil de son enfant, plus il risque de la lui transmettre inconsciemment et d'ainsi retarder la consolidation de ses nuits! Un manque de connaissance et de compréhension de l'évolution du sommeil et du cerveau de l'enfant en sont souvent la cause... On voit que le bébé de l'un réussit à ''faire ses nuits'' (ou plutôt ''les nuits de ses parents'') plus rapidement que le nôtre et cela suffit pour que la panique ou l'envie s'installent! Pourtant, chaque enfant est unique et son rythme de consolidation de son sommeil le sera aussi...
N'oublions pas que le cycle de sommeil d'un nouveau né dure environ 50 minutes... et comme tous les humains ont des micro-réveils inconscients ou conscients entre chaque cycle, il est tout à fait normal qu'un nourrisson se réveille parfois 10 par nuit, d'autant plus qu'en début de vie, il s'agit d'une nécessité de survie pour assurer sa prise pondérale constante. Certains bébés enchaîneront miraculeusement les cycles dès les premières semaines et on demandera alors parfois même à leurs parents de les réveiller pour s'assurer d'une prise alimentaire suffisante. Ceci étant dit, comme c'est le cas pour les adultes, aucun bébé ne dort de la même façon. Le rôle de l'adulte est de ''mettre en scène'' le sommeil du bébé, c'est-à-dire, de lui offrir le contexte et les conditions gagnantes pour qu'il puisse se laisser aller au sommeil, mais il ne peut le forcer à dormir et encore moins dormir à sa place! Afin de développer un rituel d'endormissement autonome, le bébé doit d'ailleurs demeurer l'acteur principal de son sommeil!
Ainsi, on suggère d'abord aux parents d'avoir des attentes réalistes par rapport au sommeil de leur bébé, tout en l'aidant à synchroniser son horloge biologique. C'est en créant le cadre idéal pour que le bébé puisse se laisser aller au sommeil que l'adulte pourra l'aider à consolider son sommeil dès que possible... encore faut-il lui donner le temps et respecter son rythme. L'instauration de ce cadre passera inévitablement par l'établissement d'une routine. L'intégration de cette routine et des effets bénéfiques qui en découleront sur leur sommeil sera pour certains bébés beaucoup plus rapide que pour d'autres; ce qui ne veut pour autant pas dire qu'ils aient des ''problèmes de sommeil''. Il faut déjà garder à l'esprit que le jour et la nuit n'existaient pas dans le ventre maternel. C'est donc avant tout en marquant le plus possible cette différence entre le jour et la nuit que l'adulte contribuera à favoriser la synchronisation de l'horloge biologique du bébé... afin que lorsqu'il ait atteint la maturité neurologique nécessaire, le bébé puisse naturellement en venir à enchaîner plusieurs cycles de sommeil.
Ce n'est que vers trois ans que l'architecture du sommeil de l'enfant et de l'adulte seront du même acabit.
Comments